
Quelles sont les conséquences de ne pas exprimer ses émotions?
- Marie Christine

- 3 juil.
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : 26 août
Ce qui arrive quand on garde tout en dedans
Il y a des gens qui pleurent facilement, qui parlent de ce qu’ils ressentent, qui se vident le cœur sans gêne. Et il y en a d’autres – peut-être toi – qui gardent tout pour eux. Qui font semblant que tout va bien, qui disent “je vais m’en sortir”, qui sourient même quand ça brûle en dedans. Parce que pleurer, c’est gênant. Parce que parler de ses émotions, c’est compliqué. Parce qu’on ne veut pas déranger. Parce qu’on a appris à ne pas en parler.
Mais voilà : ce qu’on ne dit pas ne disparaît pas. Ce qu’on garde en dedans, ça s’accumule. Et à un moment donné, ça ressort… mais pas toujours de la bonne façon.
Dans cet article, on va voir ce que ça fait de ne pas exprimer ses émotions, et pourquoi ça finit par nous rattraper.
1. Les émotions refoulées ne disparaissent pas
Une émotion, c’est comme un message que le corps nous envoie pour dire : “Hé! Il se passe quelque chose d’important!” Si on ne l’écoute pas, le message ne s’efface pas. Il attend. Il s’installe. Et il revient.
Ne pas exprimer ses émotions, c’est comme balayer la poussière sous le tapis. Oui, ça a l’air propre… mais un jour, le tas ressort.
Par exemple :
Tu retiens ta colère pendant des semaines… puis un jour, tu cries pour une niaiserie.
Tu fais semblant que tu n’es pas triste… mais tu n’as plus d’énergie, tu es irritable, tu te sens vide.
Tu ne parles jamais de tes peurs… mais ton corps se met à avoir mal, à se contracter, à mal dormir.
Ce qu’on ne vit pas en conscience, le corps le vit à notre place.
2. Ça crée des tensions dans le corps
Le corps parle quand on se tait. Littéralement.
Quand tu retiens une émotion forte – tristesse, peur, colère – tu peux ressentir :
des maux de ventre
des migraines
des douleurs musculaires
des palpitations
une boule dans la gorge ou dans le ventre
des troubles du sommeil
Beaucoup de gens vivent ça sans faire le lien. Ils pensent qu’ils sont “juste fatigués” ou “un peu stressés”. Mais parfois, ce n’est pas le stress du travail… c’est le stress de tout ce qu’on n’a jamais dit ou exprimé.
Ton corps est intelligent. Si tu ne pleures pas, il va pleurer pour toi à sa façon : par des symptômes.
3. Tu deviens plus irritable… ou plus fermé
Quand on garde ses émotions à l’intérieur, on n’est pas plus fort. On devient souvent plus fragile, mais différemment.
Certaines personnes vont exploser pour un rien. Une remarque, un retard, un bruit, et tout saute. Ce n’est pas la petite chose qui déclenche la colère. C’est tout ce qui était déjà là, en dessous.
D’autres personnes, à l’inverse, se referment. Elles deviennent froides, distantes, comme si rien ne les touchait. C’est une sorte de carapace, pour ne pas avoir à sentir. Pour ne pas risquer d’être blessé à nouveau.
Mais ces réactions, même si elles protègent, elles éloignent. Elles compliquent les relations. Elles creusent l’écart entre soi et les autres.
4. Ça nuit aux relations
Quand tu ne dis pas ce que tu ressens, les autres ne peuvent pas deviner.
Tu te sens blessé, mais tu souris.
Tu es déçu, mais tu dis “ça va”.
Tu es triste, mais tu changes de sujet.
Résultat : les autres pensent que tu es “correct”, alors qu’en fait, tu es en train de t’éteindre doucement.
Ça crée :
des malentendus
des frustrations
un sentiment d’isolement
une impression que personne ne comprend
Et petit à petit, on se sent seul… même entouré.
5. Tu risques de t’éteindre de l’intérieur
À force de ne pas exprimer ce qu’on vit, on finit par ne plus trop savoir ce qu’on ressent vraiment.
On devient une sorte de pilote automatique :
On fonctionne.
On fait ce qu’il faut.
On est là physiquement… mais pas émotionnellement.
Et un jour, on réalise qu’on ne ressent plus grand-chose. Ni grande tristesse, ni grande joie. Juste… du vide. De l’indifférence.
Ce n’est pas qu’on ne veut pas vivre. C’est qu’on s’est tellement protégé, fermé, censuré… qu’on a fini par se couper de soi-même.
6. Le risque de l’anxiété ou de la dépression
Quand les émotions ne sont jamais accueillies, ça peut mener à :
de l’anxiété chronique (toujours être “sur le bord d’exploser”)
des crises de panique (l’émotion ressort soudainement et violemment)
de la dépression (l’émotion est tellement bloquée qu’on se sent vide, éteint)
On peut aussi développer des comportements pour “geler” ce qu’on ne veut pas sentir : consommer, manger de façon compulsive, s’épuiser dans le travail, se distraire en boucle.
Mais au fond, le problème n’est pas l’emploi du temps. C’est l’émotion enfouie.
7. Ça empêche la guérison
Exprimer ses émotions, ce n’est pas se plaindre. Ce n’est pas être faible. C’est faire de la place à ce qui est là pour pouvoir avancer.
Quand tu ne dis pas ce que tu ressens :
tu restes coincé dans l’inconfort
tu traînes des blessures non digérées
tu rumines sans fin
C’est comme si tu essayais de refermer une plaie sans jamais l’avoir nettoyée. Elle finit par s’infecter.
Parler, pleurer, écrire, nommer, exprimer… ce sont des façons de nettoyer doucement ce qui fait mal, pour permettre à la guérison d’avoir lieu.
8. Les enfants intègrent le modèle
Si tu es parent (ou que tu côtoies des enfants), ce que tu fais avec tes émotions, ils le voient. Et ils apprennent à faire pareil.
Si tu ne parles jamais de ce que tu ressens…
Si tu dis “c’est pas grave” en bloquant tes larmes…
Si tu ris pour cacher ta colère…
Les enfants apprennent que les émotions, ça ne se dit pas. Que ça doit rester caché. Et eux aussi, plus tard, vont peut-être se couper de ce qu’ils ressentent.
Mais si tu oses parler, même un peu… si tu dis “je suis triste en ce moment, mais ça va passer”… tu leur apprends que c’est normal. Que c’est humain. Que les émotions ne sont pas un problème.
9. Ce n’est pas obligé d’être dramatique
Exprimer ses émotions ne veut pas dire crier ou faire une scène. Parfois, c’est juste dire :
“Je me sens un peu à bout ces temps-ci.”
“J’ai eu de la peine tout à l’heure.”
“Je suis fâché, mais j’essaie de comprendre pourquoi.”
C’est ça, être en lien avec ses émotions. Ce n’est pas être fragile, c’est être vivant.
10. Comment commencer à les exprimer?
Pas besoin de tout dire à tout le monde. Mais voici des pistes :
Écrire ce que tu ressens : sans filtre, dans un carnet ou même sur ton téléphone.
Parler à quelqu’un de confiance : un ami, un intervenant, quelqu’un qui écoute sans juger.
Prendre des moments de pause pour ressentir : s’arrêter, fermer les yeux, respirer, nommer ce qui monte.
Observer sans se juger : “Tiens, j’ai le cœur serré… est-ce que ce serait de la peine?”
Exprimer autrement : musique, dessin, mouvement, humour… L’émotion n’a pas toujours besoin de mots précis.
Les émotions sont là pour une raison. Elles ne sont pas nos ennemies. Elles sont des messagères. Quand on ne les écoute pas, elles crient. Quand on les refoule, elles se transforment en douleurs, en stress, en conflits.
Exprimer ses émotions, ce n’est pas se plaindre. C’est se reconnecter à soi. C’est dire “je mérite d’être entendu, même par moi-même”.
Et plus on apprend à les accueillir, plus elles deviennent légères. Elles ne prennent plus toute la place. Elles circulent. Elles passent. Et la vie reprend son souffle.


