Pourquoi perdre un animal fait si mal? L’impact méconnu du deuil animal.
- Marie Christine
- 17 mars
- 4 min de lecture

Quand on perd un animal de compagnie, on entend souvent: "Ce n'était qu'un animal", ou encore "Tu peux en adopter un autre". Mais pour ceux qui ont partagé leur quotidien avec un compagnon à quatre pattes, ces phrases sonnent faux. Parce que non, ce n'est pas "juste un animal". C'est un membre de la famille, un confident silencieux, une présence réconfortante.
Et quand il s'en va, il laisse un vide immense. Pourtant, le deuil animal est souvent minimisé, perçu comme moins légitime qu'un deuil humain. Résultat? Beaucoup de personnes vivent cette perte dans l'isolement, sans oser exprimer pleinement leur chagrin.
Mais ce deuil est bien réel, et il peut avoir des impacts profonds sur notre santé mentale et émotionnelle.
Alors pourquoi cette perte nous affecte-t-elle autant? Et comment traverser cette épreuve sans s'effondrer?
Pourquoi la perte d'un animal est-elle si bouleversante?
D'un point de vue scientifique, l'attachement à un animal repose sur des mécanismes biologiques et émotionnels très puissants. Lorsqu'on interagit avec notre animal, notre cerveau libère de l'ocytocine, la même hormone qui renforce les liens familiaux et amoureux.
Autrement dit, notre lien avec un animal n'est pas seulement émotionnel, il est aussi physiologique. C'est pourquoi sa perte peut provoquer une détresse intense, comparable à la perte d'un proche. On ressent un vide émotionnel: plus personne ne nous accueille à la porte, ne nous suit partout, ne ronronne ou ne remue la queue en nous voyant.
Notre quotidien s'en trouve désorganisé: on réalise à quel point on avait intégré notre animal dans notre routine (promenades, repas, câlins...).
De plus, contrairement aux humains, les animaux nous offrent un amour sans conditions. Pas de jugement, pas de reproches, juste une présence constante et bienveillante. Quand cet amour disparaît, c'est vraiment difficile.
Une détresse émotionnelle souvent sous-estimée
Beaucoup de personnes se sentent profondément tristes, abattues, vidées après la perte de leur compagnon. Cette douleur peut se traduire par des crises de larmes qu'on n'arrive pas à contrôler, une sensation de solitude intense, un sentiment de culpabilité :
Est-ce que j'aurais pu faire plus?
Ai-je pris la bonne décision? (surtout en cas d'euthanasie),
et une difficulté à fonctionner normalement.
Certains vont même jusqu'à ressentir des symptômes similaires à une dépression: insomnie, anxiété, fatigue intense, perte d'appétit. Mais comme ce deuil est rarement reconnu par l'entourage, ces personnes n'osent pas toujours en parler et souffrent en silence.
La perte d'un animal peut aussi raviver des blessures plus profondes. Un deuil non résolu, une séparation, un moment difficile du passé...
Cette disparition devient alors le déclencheur d'une douleur plus ancienne, ce qui amplifie encore le choc émotionnel. C'est pourquoi certaines personnes ressentent une douleur qui peut sembler disproportionnée: ce n'est pas seulement l'animal qui part, c'est aussi une partie de leur histoire qui refait surface.
Le sentiment d'incompréhension qui isole
L'un des aspects les plus difficiles du deuil animal, c'est qu'il est peu reconnu. Alors qu'un deuil humain est accompagné de rituels et de soutien, perdre un animal entraîne souvent des réactions qui minimisent notre peine: "Ce n'est qu'un chien", "Tu devrais t'en remettre plus vite", "Adopte un autre animal, ça ira mieux."
Face à ce manque de reconnaissance, beaucoup de personnes s'isolent et gardent leur douleur pour elles, ce qui peut aggraver leur détresse psychologique.
Comment traverser cette épreuve?
Même si ce deuil est difficile, il existe des moyens de se reconstruire tout en honorant la mémoire de son compagnon. La première étape consiste à ne pas minimiser sa douleur. Ta tristesse est légitime. Tu as perdu un être cher, une présence quotidienne, un amour inconditionnel. Tu as le droit de pleurer, d'être en colère, d'avoir du mal à avancer.
Accepte ces émotions, ne les refoule pas. Parler, écrire, exprimer ce que l'on ressent permet de ne pas laisser la douleur s'installer durablement.
Si ton entourage ne comprend pas ta douleur, cherche du soutien ailleurs. Parle à des amis ou à des proches qui ont déjà vécu cette perte. Rejoins un groupe de soutien dédié au deuil animalier. N'hésite pas à consulter un thérapeute si la tristesse devient trop envahissante. Se sentir compris et entouré peut faire toute la différence dans la traversée du deuil.
Clique ci-bas si tu aimerais participer à un groupe de soutien en ligne.
Honorer la mémoire plutôt que subir la perte
Plutôt que de se concentrer sur la perte, transformer la douleur en hommage peut aider à avancer. Tu pourrais créer un album photo ou un carnet de souvenirs avec les moments marquants partagés ensemble, planter un arbre en son honneur, écrire une lettre pour lui dire tout ce que tu ressens, ou faire un don à un refuge ou à la SPCA en sa mémoire.
Ces gestes permettent de garder un lien positif avec lui, sans rester figé dans la douleur.
L'envie de combler le vide peut être forte, mais il est important de prendre le temps de vivre son deuil. Adopter trop rapidement un autre animal, sans avoir fait la paix avec la perte, peut être difficile autant pour toi que pour le nouvel animal. Le bon moment viendra naturellement, quand tu seras prêt à aimer un autre être sans chercher à remplacer celui qui est parti.
Un deuil réel qui mérite d'être reconnu
La perte d'un animal de compagnie est une épreuve bouleversante, souvent sous-estimée. Pourtant, son impact sur la santé mentale est bien réel: tristesse profonde, sentiment de vide, solitude, parfois même dépression.
Il est important de reconnaître cette douleur, de l'exprimer et de l'honorer, plutôt que de la minimiser ou de la cacher.
Si tu traverses ce deuil en ce moment, rappelle-toi ceci: ton amour pour lui ne disparaît pas avec son départ. Il a laissé une empreinte en toi, une trace indélébile que rien ni personne ne pourra effacer.